Marie-George Buffet
La Courneuve, 31 janvier 2013
Madame la préfète
Monsieur le secrétaire général de préfecture
Messieurs les maires, cher Gilles, Didier et Michel
Monsieur le député au parlement européen, cher Jean Luc
Madame la sénatrice, chère Eliane,
Messieurs les conseillers généraux, chers Azzedine, Hervé Gilles et Jean Charles
Madame, monsieur les députés honoraires, chers Louis et Muguette
Messieurs les Maires honoraires, cher Daniel et cher James
Messieurs les présidents de la CPAM, de la CAF
Mesdames et messieurs les chefs d’établissements, Monsieur le commissaire,
Monsieur le directeur de la Poste,
Monsieur le président de la chambre des métiers
Monsieur le secrétaire général de l’URIF CGT, cher Pascal
Monsieur le secrétaire de l’union départementale CGT, cher Hervé,
Monsieur le secrétaire départemental de la FSU, cher Guy,
Messieurs les représentants du Syndicat Général du Livre,
Mesdames et messieurs les représentants des associations,
Mesdames et messieurs les représentants des partis politiques, chers Corinne, Mohamed, Yan, Michel, Laurent et Martine
Mesdames, messieurs, chers amis et camarades
En cette fin janvier, je veux vous présenter mes meilleurs vœux de santé, de bonheur et de réussite pour vos projets individuels et collectifs.
L'an passé à Stains, j'avais fait suivre ces vœux d'une interrogation : « que valent ces vœux, alors que tous nos droits sont dans le viseur de ceux qui
nous gouvernent ? ».
Mais depuis, de belles choses ont coulé sous les ponts...
De la Bastille aux plages de Marseille en passant par Le Blanc-Mesnil et le Capitole à Toulouse, le Front de gauche avec son candidat, merci Jean Luc, a redonné du
sens à la politique, des valeurs et une dynamique à la gauche.
Et ces quatre millions et demi de femmes et d’hommes rassemblés au premier tour sur les propositions efficaces car audacieuses de « L’humain d’abord », se
sont mobilisés au second tour pour la victoire de la gauche et l’élection de François Hollande.
Alors, cette année, j'avais tout simplement prévu de vous souhaiter tout le bonheur du monde.
Mais ce bonheur, chers ami-es, il va falloir aller le chercher dans l’union et l’action.
Je vous le dis avec franchise, il y a urgence à une mobilisation citoyenne car, peu de choses dans les décisions de ceux qui nous gouvernent annoncent des
lendemains qui chantent.
Mais, nous allons faire bouger tout cela, notre peuple a toujours su, au fil de l’histoire, se mobiliser pour le progrès social et la démocratie.
Aujourd’hui, il peut être l’auteur d’une sixième république, Alors en 2013 aux armes démocratiques citoyennes et citoyens.
Bien sûr, nous avons, après avoir vécu sous un ciel plombé, vu briller quelques étoiles.
En pensant à ces femmes qui se lèvent, qui lèvent leurs enfants à l'aube pour les scolariser car hébergées loin de leur ville par le SAMU social, j'ai bataillé et
voté, avec délectation, pour l'abrogation de la loi Ciotti qui stigmatisait les familles en leurs supprimant leurs allocations familiales en cas d’absentéisme.
Ce soir-là, dans l'hémicycle, j’ai rêvé d'une quinzaine de mobilisation populaire et parlementaire où, on abrogerait toutes les lois anti sociales et sécuritaires
de ces cinq dernières années ! Un peu comme si, alors que des députés UMP et FN veulent réhabiliter la chouannerie, une nouvelle nuit du 4 aout abolissait injustices et
privilèges.
Fini les cadeaux fiscaux pour les riches ! Fini les grands salaires des patrons !
Place aux droits humains !
Interdiction des expulsions locatives, des coupures de gaz ou d’électricité pour les familles en difficulté.
Interdiction des licenciements boursiers !
Mon rêve ne s’est toujours pas réalisé, dommage ; car les dégâts collatéraux des politiques de droite, eux, perdurent !
J'ai applaudi, avec les féministes, à la création d'un ministère des droits des femmes. Mais, j’attends la grande loi cadre dont le combat féministe a besoin
pour de nouvelles émancipations humaines.
Avec les associations, j'ai salué l'abrogation de la circulaire Guéant concernant les jeunes diplômés étrangers. Mais, je ne veux pas transiger avec l’exigence
d’une grande loi de régularisation de ceux et celles qui vivent ici, qui travaillent ici.Ils et elles ont le droit à des papiers. Etre des citoyens à part entière, ce n’est pas seulement payer
des impôts et cotiser a la solidarité nationale, ce qu’ils font, c’est aussi avoir le droit d’être partie prenante de la République. Aux municipales de 2014, les résidents étrangers doivent
pouvoir voter.
Avec les enseignants et les parents d'élèves, j'ai espéré pour l'Education nationale, en voyant son budget traité comme une des priorités de la République avec la
justice et la sécurité. J’ai hâte de travailler sur la loi de refondation de l’école en m’appuyant sur les propositions des enseignants et des parents d’élèves.
Cette semaine a débuté à l'Assemblée Nationale le débat sur le mariage pour toutes et tous.Après la belle manif de dimanche, je suis décidée à porter jusqu'au
bout les droits des hommes et des femmes qui s'aiment et qui veulent construire une famille. Le mariage n'est pas une affaire de code, fut-il napoléonien, mais de projet de vie commun.
L’affrontement avec les conservateurs est rude, mais je vais me battre pour que les engagements de la gauche soient tenus, y compris concernant l’accès à la PMA.
Oui, nous avons vu briller quelques étoiles.
Les salarié-es des TPE ont pu se donner une représentation syndicale, ils ont placé la CGT en tête.
Nos amis, les Rotos, se sont battus pour sauver leur entreprise, je dis leur entreprise, car le patron ne s’en souciait guère ! Ils ont obtenu un an de
salaires, souhaitons-leur de retrouver un travail.
Aidons les salariés du livre à préserver le pluralisme de la presse en étant solidaire de leur lutte contre les licenciements à Presstaliss.
Avec les tamouls de France, nous avons obtenu, pour la première fois, la création au Parlement d'un groupe d'études sur la situation du peuple Tamoul.
Nos amis comoriens, après mes interventions auprès du Ministre des Affaires Etrangères,ont pu accueillir en France le général Salimou enfin libéré .
Et, après des années de combat, là-bas et ici, la Palestine a été reconnue Etat observateur par l'ONU. Une nouvelle étape est franchie pour un Etat palestinien
vivant en paix et en coopération avec Israël.
Paix et coopération , c’est ce que nous voulons aussi pour le Mali et pour son peuple.
Et puis, bien sûr, ce n’est pas l’essentiel, mais quand même ça fait plaisir, le sieur Armstrong a perdu de sa superbe !Et quelle joie aussi d’avoir vu les
jeux paralympiques de Londres occuper les médias !
Oui, il y a eu quelques étoiles mais au fond, est-ce vraiment le changement ?
Le ciel s’est vite assombri au lendemain du 6 mai.
L'élection passée, en effet, les discours ont évolué. L'ennemi n'est plus la finance mais les dépenses publiques. Les responsables de la crise ne sont plus les
spéculateurs mais les citoyens qui coûtent trop cher à l'Etat !
Eh oui, les droits ont un coût !
De sommet en sommet européen, on nous a annoncé la sortie de crise…mais, on nous dit maintenant : la sortie c’est après 2013.
Car cette année va être terrible : chômage en hausse, pouvoir d'achat en baisse…Et Rocard nous parle de la retraite a 65 ans ! « Noir c'est noir, il
n'y a plus d'espoir », résignez-vous braves gens, vos sacrifices vont payer, mais plus tard et peut-être pas pour vous !
Les experts, comme monsieur Langlais qui a pourtant du mal à rivaliser avec son prédécesseur De Closets, invités privilégiés des 20h, ont inventé un nouveau
concept: la crise de la dette. En son nom, on voit nos gouvernants cèder - sans mener combat - aux exigences du MEDEF et de la droite. C’est l’accord de compétitivité et le recul sur
la taxation des plus hauts revenus.
On va bientôt nous dire de ranger au placard nos espoirs de liberté, d'égalité, de fraternité, notre exigence d'une nouvelle République. Et bien non !
Nous allons résister à leur politique d'austérité scellée dans le traité Sarkozy - Merkel, nous allons le faire pour que notre pays, après d'autres pays d’Europe ne
connaisse pas la pire des récessions.
Oui, nous allons résister car la preuve est faite qu'on ne sort pas de la crise de la spéculation financière en s'attaquant au pouvoir d'achat des familles.
Nous allons résister car on ne soigne pas la dette sans s'attaquer aux pratiques usuraires des banques.
Nous allons résister car réduire la dépense publique, c'est réduire les droits des individus et c'est tuer l'investissement donc l'emploi.
Regardez notre industrie automobile,
On ne peut pas, engraisser les actionnaires, tirer sur les salaires et les pensions et s'étonner que la vente des voitures s’écroule !
On ne peut pas verser 20 milliards de crédit d’impôt aux entreprises, sans aucune condition, et s’étonner qu’elles se gaussent des discours déterminés du ministre
chargé du redressement productif !
Les PSA ont donc bien raison d’être dans l’action, face à une direction et une famille, les Peugeot, qui retrouvent les vieilles méthodes de Citroën : plaintes
contre les grévistes, vigiles privés et lock out.
Je le dis avec force, et je l’ai écrit au PDG de PSA : que la direction ne compte pas sur l’isolement des salariés en lutte, nous tous ici, après la
décision de justice de suspendre le plan, nous exigeons que s’ouvrent de véritables négociations sur les propositions alternatives des syndicats. Nous sommes à leurs côtés pour le
maintien du site et des emplois et prêts à la solidarité !
Je vous appelle tous et toutes, élus, citoyens, à être présent mardi prochain à 13h30 aux portes de l’entreprise pour dire votre solidarité .La solidarité c’est
aussi de l’argent, n’oubliez pas de verser.
PSA Aulnay on y tient, on ne lâchera rien !
Aujourd’hui, ce sont les fonctionnaires qui étaient dans l’action contre le jour de carence et le gel du point d’indice qui laminent leur pouvoir d’achat.
Partout en Europe, j’en discutais avec des syndicalistes espagnols et grecs venus voir leurs camarades du 93, les droits des salariés sont bafoués et
l’économie saccagée.
En fait, les dirigeants européens témoignent de leur incompétence, entartrés qu’ils sont par une vision unique et de courte vue : l’austérité.
Ils ressemblent aux médecins du Malade imaginaire de Molière, ils ne savent que purger.
Alors, pour sortir la France de la crise, c’est vous qui êtes compétents : prenez la parole !
Vous vous rappelez, au printemps dernier, je vous ai appelé à vous rassembler sur deux objectifs : battre la droite et faire que la gauche réussisse. Nous
avons, avec des citoyen-nes engagées dans la société civile fait vivre un comité pour l’union et la réussite de la gauche. Cet engagement est vital. Car, dans la situation étrange que
nous vivons : dans les urnes, on a battu la droite, mais celle-ci, impose ses désidératas , nous avons besoin d’une révolution citoyenne inédite!
C’est ce que nous allons faire dans ce territoire populaire.
Que ce soit sur l'égalité salariale entre hommes et femmes, sur les droits des jeunes à la formation et à l'emploi, contre les contrôles au faciès, pour l'école
obligatoire de 3 à18 ans, pour obtenir une commission d’enquête sur les moyens publics attribués à la population de Seine Saint-Denis …Je multiplie les propositions de loi pour
contribuer à cette mobilisation.
Comme le réclamaient les salariés de Goodyear, PSA, Virgin…les députés du Front de gauche vont déposer une nouvelle loi contre les licenciements et
suppressions de postes et pour de nouveaux droits pour les salariés dans la gestion des entreprises.
Mais pour que ces mesures soient adoptées, il va falloir s’en mêler. C’est l’objectif des assemblées citoyennes : prendre des initiatives et peser.
Peser pour une vraie réforme de la fiscalité, pour un CDI qui redevienne la norme, pour un écart de un à vingt entre les salaires. Peser pour l'allocation
d'autonomie des jeunes et la sécurité sociale professionnelle. Peser pour de nouvelles nationalisations au service de l'intérêt général et du développement durable.
Déjà, nombre d'entre vous se mobilisent pour l'école, contre les discriminations, pour le logement ou l'emploi, comme lors de la marche du 17 janvier, mais nous
devons monter en puissance contre l’austérité.
On ne va pas laisser la réaction dicter sa loi, le peuple va se faire entendre et le gouvernement aurait intérêt à tendre l'oreille de ce côté-là !
Dans cette mobilisation citoyenne, vous savez compter sur vos élu-es.
Avec vous, ils et elles se battent pour vos conditions de transport, mais aussi pour de nouvelles lignes et gares.
Avec vous, ils se battent pour que chaque famille ait un toit.
Ils et elles investissent pour que chacune et chacun aient accès à la culture et aux sports.
Ils et elles assurent le droit à la santé avec les CMS.
Ils et elles construisent des écoles et réclament des maitres, ils assurent le périscolaire.
Permettez-moi une parenthèse : pour faire passer sa loi, le ministre Peillon vient d’écrire aux maires en leur annonçant qu’il allait baisser les taux
d’encadrement dans le périscolaire :pour les moins de six ans on passerait de un animateur pour dix à quatorze, de 14 à 18 pour les plus de six ans !!!Mais les maires ne veulent pas
faire du sous éducatif, ils veulent des moyens pour le mieux éducatif !
Alors, ils ne peuvent accepter que le gouvernement leur réduise leurs dotations.
Les services publics, les communes sont les acteurs de vos droits, ensemble, on doit les défendre !
Nous pourrons le faire en 2014, avec les élections municipales. Je sais la volonté de Gilles Poux à la Courneuve, de Didier Mignot au Blanc Mesnil, de Michel
Baumale à Stains et de Michel Delplace à Dugny de rassembler toutes les forces de gauche, tous les démocrates sur des programmes qui aient l'audace et la force nécessaire pour répondre aux
attentes des populations.
Quelques semaines après, nous voterons pour élire les députés-es au parlement européen, ce moment sera décisif pour l'avenir de l'union européenne.
Le président de la République a déclaré « qu’il fallait prendre l’Europe telle qu’elle est ».Et si plutôt, on la libérait des logiques libérales ?
Je suis sûre que les candidat-es du Front de gauche, cher Jean Luc, seront en mesure de rassembler majoritairement sur cette deuxième alternative.
Et imaginons que dans de nombreux pays d'Europe, la gauche qui gagne, soit aussi celle-là, celle de l’audace et du courage...Alors…tout s'ouvre !
Chers ami-es, chers camarades
Si, j'exprime mes espoirs, déceptions, colères et exigences, ce n'est pas dans l'abstrait ou dans un positionnement à priori, non, je le fais au nom de ces hommes
et femmes que je reçois par centaines. Je le fais au nom de ceux et celles qui se battent, et me demandent d’être à leurs côtés. Je le fais au nom de ceux et celles, qui ont placé un
peu d'espoir à gauche et qui aujourd'hui se sentent orphelins.
Je ne veux pas qu'ils se résignent ou qu'ils se trompent de colère.
Je crois que le changement au quotidien comme au niveau de la République ou de l'Europe est à portée de main, si une gauche de courage, de rupture,
d'innovation se lève.
Si comme en l’an II le mouvement populaire rejoint un gouvernement révolutionnaire.
Regardons les belles avancées en Amérique Latine.
Regardons avec modestie la suite des printemps arabes, rappelons-nous que la grande Révolution Française n’a abouti qu’à travers mille soubresauts. Alors, avant de
juger, agissons en solidarité avec les démocrates, les femmes et les hommes debout, dans tous ces pays, pour leurs droits et les libertés.
Mesdames, messieurs, cher-es ami-es, chers camarades
Il y a des mots qui résonnent car l'action humaine leur a donné une multitude de visages : citoyen-nes, République, progrès, droits, égalité, liberté...chaque
fois, ce sont des hommes et des femmes comme nous, nos égaux, qui ont fait avancer les choses.
Si notre terre est abimée par la surexploitation des êtres humains et des ressources naturelles, elle a aussi de formidables atouts : l'intelligence, la
fraternité, la combativité de celles et ceux qui l’habitent.
Alors, debout citoyens citoyennes !