Zahia ZIOUANI a reçu les insignes de chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres - Bravo Zahia !

Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion à l'occasion de la remise des insignes de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres à Zahia ZIOUANI

Chère Zahia Ziouani,

L’excellence en musique n’a pas de frontières, qu’il s’agisse du périphérique ou de la Méditerranée. Vous êtes une chef d’un immense talent et une grande artiste, aimée et respectée de tous, pour votre engagement au service de la musique et de sa diffusion la plus large.

Au regard de votre parcours, on est frappé par la détermination qui vous anime. À vingt ans seulement, alors qu’on vous dit trop jeune pour diriger un orchestre, vous décidez d’en créer un. Vous n’avez pas eu peur.

« Quand on vient d’où je viens, on est plutôt orienté d’office vers une carrière de coiffeuse. Moi, je veux montrer qu’avec la persévérance, qu’on peut arriver à ses fins, que tout est possible ».

À Pantin, chez vos parents, immigrés venus de Kabylie dans les années 1960, la musique joue déjà sa partition dans le coeur de tous. Votre soeur jumelle est d’ailleurs violoncelliste. Très tôt, vous vous initiez à la guitare classique au Conservatoire de Pantin, puis à l’alto, mais c’est déjà le monde de l’orchestre qui vous intéresse.

C’est à 17 ans que vous vous engagez d’un pas sûr dans la direction d’orchestre, et ce grâce à Sergiù Celibidache qui vous accepte en 1996 dans sa classe de direction.

Après deux ans passés aux côtés du Maestro, vous décidez donc de créer votre propre orchestre symphonique à Stains, le Divertimento. Dix ans plus tard, vous avez sous votre baguette plus d’une soixantaine de musiciens.

Spécialisée dans la musique symphonique française des XIX et XXème siècles, vous avez également à coeur de mettre à l’honneur des compositeurs contemporains moins connus du grand public, comme Henri Dutilleux, ou Bruno Mantovani.

Depuis 2007 vous êtes le chef d’orchestre principal de l’Orchestre National d’Algérie. Quelle que soit la rive sur laquelle vous vous trouvez, les projets que vous menez sont toujours ambitieux.

En juillet 2009 vous avez notamment dirigé un grand concert dans le cadre du 2ème festival panafricain associant des musiciens, chanteurs, et danseurs venus de l’ensemble de l’Afrique.

Votre engagement égale votre talent : vous vous battez pour faire découvrir la musique classique, lyrique et symphonique dans les quartiers dits difficiles.

D’abord professeur au Conservatoire de Stains, vous en êtes devenue la directrice en 2005. La création du festival « Classiq’à Stains » dont vous êtes l’instigatrice est marquée de cette même volonté de sensibiliser et promouvoir la musique classique auprès de tous les publics.

Vous avez été par ailleurs invitée à assurer l’encadrement artistique du projet d’éduction musicale et orchestrale chez les jeunes, DEMOS, aux côtés de la Cité de la Musique et de l’Orchestre de Paris, initié par le Conseil de la création artistique, et destiné aux enfants et aux jeunes de certains territoires parisiens et de Seine-Saint-Denis.

Par votre talent, votre sensibilité et votre générosité, vous contribuez au rayonnement de la musique classique dans le monde et dans nos villes.

Votre engagement en faveur de la sensibilisation à la musique et de l’accès à la culture pour tous est à la fois remarquable et exemplaire.

Pour toutes ces raisons, je suis très heureux, chère Zahia Ziouani, au nom de la République française, de vous faire chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.