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  • : Azzédine TAIBI
  • : Bienvenue sur mon blog. Il vous rendra compte de mon action et de mon engagement en tant qu'élu à la Mairie de Stains et au Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Il vous informera de mes prises de position et des combats politiques que je mène au quotidien avec et pour les citoyens. Ce blog est aussi l'occasion de recueillir vos remarques et vos propositions pour construire une alternative politique. Alors sans plus tarder, bonne visite et à très bientôt !
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 20:53

 

MANIFESTE

pour les "produits" de haute nécessité

 

Martinique Guadeloupe Guyane Réunion

 

 

« " Au moment où le maître, le colonisateur

proclament

" il n'y a jamais eu de peuple ici ",

le peuple qui manque est un devenir,

il s'invente,

dans les bidonvilles et les camps, ou

bien dans les ghettos,

dans de nouvelles conditions de

lutte auxquelles un art nécessairement

politique doit contribuer. »

Gilles Deleuze

L'image-temps

 

« Cela ne peut signifier qu'une chose :

non pas qu'il n'y a pas de route

pour en sortir,

mais que l'heure est venue d'abandonner

toutes les vieilles routes. »

Aimé Césaire

Lettre à Maurice Thorez


C'est en solidarité pleine et sans réserve aucune

que nous saluons le profond mouvement social

qui s'est installé en Guadeloupe, puis en

Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la

Réunion.

 

Aucune de nos revendications n'est illégitime.

Aucune n'est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée

que les rouages du système auquel elle se confronte.

Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu'elle représente,

ni dans ce qu'elle implique en relation avec l'ensemble

des autres revendications.

Car la force de ce mouvement est d'avoir su organiser sur une

même base ce qui jusqu'alors s'était vu disjoint, voire isolé

dans la cécité catégorielle - à savoir les luttes jusqu'alors inaudibles

dans les administrations, les hôpitaux, les établissements

scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales,

tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou

libérales...


C'est en solidarité pleine et sans réserve aucune

que nous saluons le profond mouvement social

qui s'est installé en Guadeloupe, puis en

Martinique, et qui tend à se répandre à la Guyane et à la

Réunion.

 

Aucune de nos revendications n'est illégitime.

Aucune n'est irrationnelle en soi, et surtout pas plus démesurée

que les rouages du système auquel elle se confronte.

Aucune ne saurait donc être négligée dans ce qu'elle représente,

ni dans ce qu'elle implique en relation avec l'ensemble

des autres revendications.

Car la force de ce mouvement est d'avoir su organiser sur une

même base ce qui jusqu'alors s'était vu disjoint, voire isolé

dans la cécité catégorielle - à savoir les luttes jusqu'alors inaudibles

dans les administrations, les hôpitaux, les établissements

scolaires, les entreprises, les collectivités territoriales,

tout le monde associatif, toutes les professions artisanales ou

libérales...

 

Mais le plus important est que la dynamique du Lyannaj - qui

est d'allier et de rallier, de lier relier et relayer tout ce qui se

trouvait désolidarisé - est que la souffrance réelle du plus

grand nombre (confrontée à un délire de concentrations économiques,

d'ententes et de profits) rejoint des aspirations diffuses,

encore inexprimables mais bien réelles, chez les jeunes,

les grandes personnes, oubliés, invisibles et autres souffrants

indéchiffrables de nos sociétés. La plupart de ceux qui y

défilent en masse découvrent (ou recommencent à se souvenir)

que l'on peut saisir l'impossible au collet, ou enlever le

trône de notre renoncement à la fatalité.

 
Cette grève est donc plus que légitime, et plus que bienfaisante,

et ceux qui défaillent, temporisent, tergiversent,

faillissent à lui porter des réponses décentes, se rapetissent

et se condamnent.

 

Dès lors, derrière le prosaïque du " pouvoir d'achat " ou du "

panier de la ménagère ", se profile l'essentiel qui nous manque

et qui donne du sens à l'existence, à savoir : le poétique. Toute

vie humaine un peu équilibrée s'articule entre, d'un côté, les

nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le

prosaïque) ; et, de l'autre, l'aspiration à un épanouissement de

soi, là où la nourriture est de dignité, d'honneur, de musique,

de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie,

de spiritualité, d'amour, de temps libre affecté à l'accomplissement

du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le

propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivrepour-

soi n'ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à

ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossibles

et aux dépassements auxquels nous aspirons.

La " hausse des prix " ou " la vie chère " ne sont pas de petits

diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté spontanée,

ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont

les résultantes d'une dentition de système où règne le dogme

du libéralisme économique. Ce dernier s'est emparé de la planète,

il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous

les imaginaires - non à une épuration ethnique, mais bien à

une sorte " d'épuration éthique1" (entendre : désenchantement,

désacralisation, désymbolisation, déconstruction même) de

tout le fait humain. Ce système a confiné nos existences dans

des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon

et vous condamnent à deux misères profondes : être "

consommateur " ou bien être " producteur ". Le consommateur

ne travaillant que pour consommer ce que produit sa force de

travail devenue marchandise ; et le producteur réduisant sa

production à l'unique perspective de profits sans limites pour

des consommations fantasmées sans limites. L'ensemble

ouvre à cette socialisation anti-sociale, dont parlait André

Gorz, et où l'économique devient ainsi sa propre finalité et

déserte tout le reste.

Alors, quand le " prosaïque " n'ouvre pas aux élévations du

" poétique ", quand il devient sa propre finalité et se consume

ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de

notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces

codes-barres que sont " le pouvoir d'achat " ou " le panier de

la ménagère ". Et pire : nous finissons par penser que la gestion

vertueuse des misères les plus intolérables relève d'une

politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d'escorter

les " produits de premières nécessités ", d'une autre catégorie

de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument

d'une " haute nécessité ".

 

Par cette idée de " haute nécessité ", nous appelons à

prendre conscience du poétique déjà en oeuvre dans un

mouvement qui, au-delà du pouvoir d'achat, relève d'une

exigence existentielle réelle, d'un appel très profond au

plus noble de la vie.

 

Alors que mettre dans ces " produits " de haute nécessité ?

C'est tout ce qui constitue le coeur de notre souffrant désir de

faire peuple et nation, d'entrer en dignité sur la grand-scène du

monde, et qui ne se trouve pas aujourd'hui au centre des

négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans

doute en Guyane et à la Réunion.

D'abord, il ne saurait y avoir d'avancées sociales qui se

contenteraient d'elles-mêmes. Toute avancée sociale ne se

réalise vraiment que dans une expérience politique qui tirerait

les leçons structurantes de ce qui s'est passé. Ce mouvement

a mis en exergue le tragique émiettement institutionnel de nos

pays, et l'absence de pouvoir qui lui sert d'ossature. Le " déterminant

" ou bien le " décisif " s'obtient par des voyages ou par

le téléphone. La compétence n'arrive que par des émissaires.

La désinvolture et le mépris rôdent à tous les étages.

L'éloignement, l'aveuglement et la déformation président aux

analyses. L'imbroglio des pseudos pouvoirs Région-

Département-Préfet, tout comme cette chose qu'est l'associa-

tion des maires, ont montré leur impuissance, même leur

effondrement, quand une revendication massive et sérieuse

surgit dans une entité culturelle historique identitaire humaine,

distincte de celle de la métropole administrante, mais qui ne

s'est jamais vue traitée comme telle.

 

Les slogans et les

demandes ont tout de suite sauté par-dessus nos " présidents

locaux " pour s'en aller mander ailleurs. Hélas, toute

victoire sociale qui s'obtiendrait ainsi (dans ce bond pardessus

nous-mêmes), et qui s'arrêterait là, renforcerait

notre assimilation, donc conforterait notre inexistence au

monde et nos pseudos pouvoirs.

Ce mouvement se doit donc de fleurir en vision politique,

laquelle devrait ouvrir à une force politique de renouvellement

et de projection apte à nous faire accéder à la responsabilité

de nous-mêmes par nous-mêmes et au pouvoir

de nous-mêmes sur nous-mêmes.

 

Et même si un tel

pouvoir ne résoudrait vraiment aucun de ces problèmes, il

nous permettrait à tout le moins de les aborder désormais en

saine responsabilité, et donc de les traiter enfin plutôt que

d'acquiescer aux sous-traitances. La question békée et des

ghettos qui germent ici où là, est une petite question qu'une

responsabilité politique endogène peut régler. Celle de la

répartition et de la protection de nos terres à tous points de vue

aussi. Celle de l'accueil préférentiel de nos jeunes tout autant.

Celle d'une autre Justice ou de la lutte contre les fléaux de la

drogue en relève largement... Le déficit en responsabilité crée

amertume, xénophobie, crainte de l'autre, confiance réduite en

soi... La question de la responsabilité est donc de haute

nécessité.

 

C'est dans l'irresponsabilité collective que se

nichent les blocages persistants dans les négociations

actuelles. Et c'est dans la responsabilité que se trouve

l'invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver

des solutions endogènes praticables. C'est dans la

responsabilité que l'échec ou l'impuissance devient un

lieu d'expérience véritable et de maturation. C'est en responsabilité

que l'on tend plus rapidement et plus positivement

vers ce qui relève de l'essentiel, tant dans les luttes

que dans les aspirations ou dans les analyses.

 

Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe

obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges,

commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une

logique de système libéral marchand, lequel s'est étendu à

l'ensemble de la planète avec la force aveugle d'une religion.

Ils sont aussi enchâssés dans une absurdité coloniale qui

nous a détournés de notre manger-pays, de notre environnement

proche et de nos réalités culturelles, pour nous livrer

sans pantalon et sans jardins-bokay aux modes alimentaires

européens. C'est comme si la France avait été formatée pour

importer toute son alimentation et ses produits de grande

nécessité depuis des milliers et des milliers de kilomètres.

Négocier dans ce cadre colonial absurde avec l'insondable

chaîne des opérateurs et des intermédiaires peut certes améliorer

quelque souffrance dans l'immédiat ; mais l'illusoire bienfaisance

de ces accords sera vite balayée par le principe du

" Marché " et par tous ces mécanismes que créent un nuage

de voracités, (donc de profitations nourries par " l'esprit colonial

" et régulées par la distance) que les primes, gels, aménagements

vertueux, réductions opportunistes, pianotements

dérisoires de l'octroi de mer, ne sauraient endiguer.

 

Il y a donc une haute nécessité à nous vivre caribéens

dans nos imports-exports vitaux, à nous penser américain

pour la satisfaction de nos nécessités, de notre autosuffisance

énergétique et alimentaire. L'autre très haute

nécessité est ensuite de s'inscrire dans une contestation

radicale du capitalisme contemporain qui n'est pas une

perversion mais bien la plénitude hystérique d'un dogme.

 

La haute nécessité est de tenter tout de suite de jeter les

bases d'une société non économique, où l'idée de développement

à croissance continuelle serait écartée au profit de celle

d'épanouissement ; où emploi, salaire, consommation et production

serait des lieux de création de soi et de parachèvement

de l'humain. Si le capitalisme (dans son principe très pur

qui est la forme contemporaine) a créé ce Frankenstein

consommateur qui se réduit à son panier de nécessités, il

engendre aussi de bien lamentables " producteurs " - chefs

d'entreprises, entrepreneurs, et autres socioprofessionnels

ineptes - incapables de tressaillements en face d'un sursaut de

souffrance et de l'impérieuse nécessité d'un autre imaginaire

politique, économique, social et culturel. Et là, il n'existe pas de

camps différents. Nous sommes tous victimes d'un système

flou, globalisé, qu'il nous faut affronter ensemble. Ouvriers et

petits patrons, consommateurs et producteurs, portent quelque

part en eux, silencieuse mais bien irréductible, cette haute

nécessité qu'il nous faut réveiller, à savoir : vivre la vie, et sa

propre vie, dans l'élévation constante vers le plus noble et le

plus exigeant, et donc vers le plus épanouissant.

Ce qui revient à vivre sa vie, et la vie, dans toute l'ampleur du

poétique.

 

On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant

sain et autrement.

On peut renvoyer la SARA (Société Anonyme de Raffinerie

des Antilles) et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en

rompant avec le tout automobile.

On peut endiguer les agences de l'eau, leurs prix exorbitants,

en considérant la moindre goutte sans attendre comme une

denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le

ferait des dernières chiquetailles d'un trésor qui appartient à

tous.

On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant

dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en

décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes

et puissantes aujourd'hui (banques, firmes transnationales,

grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie

mobile...) ne sauraient ni ne pourraient y résister.

Enfin, sur la question des salaires et de l'emploi.

Là aussi il nous faut déterminer la haute nécessité.

Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure

qu'il augmente sa production et ses profits. Le chômage est

une conséquence directe de la diminution de son besoin de

main d'oeuvre. Quand il délocalise, ce n'est pas dans la recherche

d'une main d'oeuvre abondante, mais dans le souci d'un

effondrement plus accéléré de la part salariale.

 

Toute déflation

salariale dégage des profits qui vont de suite au

grand jeu welto de la finance. Réclamer une augmentation

de salaire conséquente n'est donc en rien illégitime : c'est

le début d'une équité qui doit se faire mondiale.

 

Quant à l'idée du " plein emploi ", elle nous a été clouée dans

l'imaginaire par les nécessités du développement industriel et

les épurations éthiques qui l'ont accompagnée. Le travail à

l'origine était inscrit dans un système symbolique et sacré

(d'ordre politique, culturel, personnel) qui en déterminait les

ampleurs et le sens. Sous la régie capitaliste, il a perdu son

sens créateur et sa vertu épanouissante à mesure qu'il devenait,

au détriment de tout le reste, tout à la fois un simple "

emploi ", et l'unique colonne vertébrale de nos semaines et de

nos jours. Le travail a achevé de perdre toute signifiance

quand, devenu lui-même une simple marchandise, il s'est mis

à n'ouvrir qu'à la consommation.

Nous sommes maintenant au fond du gouffre.

 

Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique.

Même acharné, même pénible, qu'il redevienne un lieu

d'accomplissement, d'invention sociale et de construction

de soi, ou alors qu'il en soit un outil secondaire parmi

d'autres.

 

Il y a des myriades de compétences, de talents, de

créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce

moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans

barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même

quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand,

les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la

décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeurtravail

en une sorte d'arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire

jusqu'à l'équation d'une activité à haute incandescence

créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste,

mais il s'envisagera dans ce qu'il peut créer en socialisation,

en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce

qu'il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens

aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre

environnement...

Il s'envisagera en " tout ce qui fait que la vie vaut la peine

d'être vécue ".

Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui

stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux

délices de l'ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée

dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie,

de l'étude ou de la consommation de haute nécessité

qui ouvre à création - créaconsommation.

 

En valeur poétique, il n'existe ni chômage ni plein emploi

ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation,

mais du possible à l'infini pour tous les talents, toutes

les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés

économiques révèle sa brutalité.

 

Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables

de négociations et à leurs prolongements : que le principe de

gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des

chaînes, une amplification de l'imaginaire, une stimulation des

facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé

sans manman de l'esprit. Que ce principe balise les chemins

vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les

arts visuels, l'artisanat, la culture et l'agriculture... Qu'il soit inscrit

au porche des maternelles, des écoles, des lycées et collèges,

des universités et de tous les lieux connaissance et de

formation... Qu'il ouvre à des usages créateurs des technologies

neuves et du cyberespace. Qu'il favorise tout ce qui permet

d'entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations,

interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles

du Tout-Monde... C'est le gratuit en son principe qui

permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de

déterminer l'ampleur des exceptions.

 

C'est à partir de ce

principe que nous devrons imaginer des échelles non

marchandes allant du totalement gratuit à la participation

réduite ou symbolique, du financement public au financement

individuel et volontaire... C'est le gratuit en son principe

qui devrait s'installer aux fondements de nos sociétés

neuves et de nos solidarités imaginantes...

 

Projetons nos imaginaires dans ces hautes nécessités jusqu'à

ce que la force du Lyannaj ou bien du vivre-ensemble, ne soit

plus un " panier de ménagère ", mais le souci démultiplié d'une

plénitude de l'idée de l'humain.

Imaginons ensemble un cadre politique de responsabilité

pleine, dans des sociétés martiniquaise guadeloupéenne

guyanaise réunionnaise nouvelles, prenant leur part souveraine

aux luttes planétaires contre le capitalisme et pour un

monde écologiquement nouveau.

Profitons de cette conscience ouverte, à vif, pour que les

négociations se nourrissent, se prolongent et s'ouvrent comme

une floraison dans une audience totale, sur ces nations qui

sont les nôtres.

 

An gwan lodyans qui ne craint ni ne déserte les grands

frissons de l'utopie.

 

Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas

réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation

des sauvageries du " Marché ", mais où il retrouverait son

essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque

en le dépassant ou en l'instrumentalisant de la manière la

plus étroite.

Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe

l'individu, sa relation à l'Autre, au centre d'un projet commun

où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense

et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté.

 

Ainsi, chers compatriotes, en nous débarrassant des

archaïsmes coloniaux, de la dépendance et de l'assistanat,

en nous inscrivant résolument dans l'épanouissement

écologique de nos pays et du monde à venir, en

contestant la violence économique et le système marchand,

nous naîtrons au monde avec une visibilité levée

du post-capitalisme et d'un rapport écologique global aux

équilibres de la planète....

Alors voici notre vision :

Petits pays, soudain au coeur nouveau du monde, soudain

immenses d'être les premiers exemples de sociétés postcapitalistes,

capables de mettre en oeuvre un épanouissement

humain qui s'inscrit dans l'horizontale plénitude du

vivant...

 

 

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